LE PASSAGE SECRET

 

Déjà les recoins du parc du vieux Château bruissent du soir qui approche, et la fraicheur amène dans la grande salle une salutaire légèreté.

Vous êtes soixante au rendez-vous et Patrick Quillier s'élance avec ses mots en bandoulière:

"Amour, tu m'as ourlé sur moi-même, en la trame

du murmure louré dont tu moules ma vie"

(...)

"Cet amour n'est pas de l'amour, il est amour

dans l'amour , et amour sans amour mourant de l'amour,

et amour murmuré par des infinis débutants"

 

 

Les cordes de l'un des quatre violons (baroque, moderne, électrique, alto) de Philippe Tallis chauffent et donnent au moment vécu une ampleur surprenante:

 

"Tu es le vent,

je suis la feuille:

je suis ton chant

et tu me cueilles"

(...)

"une soif énorme m'assaille,

halluciné je parle seul

en proférant quelques murmures

qui te préparent, te caressent"

 

On se croirait au bal du silence.

A la mélodie ourlée de la musique violonée succède le message entonné par Patrick Quillier:

 

" L'hiver n'est pas dehors quand tu es loin,

il est au fond de moi, gelant l'émoi

sous des avalanches graves et mauves,

le temps et l'étendue sont mis à nu"

(...)

"Il ne faut rien promettre, amour il faut tenir

ce que l'instant propose et garder en mémoire

que rien ne justifie les comètes trompeuses

par quoi l'on fait parfois effet sur le désir"

 

Les lentes lumières font écho à l'exactitude des songes issus des mots du poète, qui semblent sortis de l'instrument de Philippe Tallis:

 

"Tu es la force dont je tire ces poèmes :

sans ce bonheur qui vient de toi, je serais coi

perclus d'ennui, vide de mots, balbutiement.

En toi je reconnais les vrais raisons d'écrire."

(...)

"Je t'aime dans l'urgence incessante du temps

qui nous bouscule, et dans l'invocation des morts

qui nous manquent le plus. Je t'aime selon l'eau

vive des rêveries où nous plongeons nos corps"

                      

(tous les extraits de poèmes sont tirés du recueil de Patrick Quillier: "orifices du murmure", publié aux éditions de la Différence).

 

Le vent respire tout bas. Dans les jardins du Château, la nuit prend possession de l'espace engourdi.


 

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C'est le moment où le public devient acteur et monte sur la scène.

Chacun reconnait des visages, suscite une lecture, espère une révélation.

Et ce soir vous êtes onze à nous offrir les petites perles glanées sur vos chemins de poésie:

 Madeleine-Marie Davaine, Chantal Cudel, Matthew Woodman, Edwige Chatelin, Myriam Holley, Michèle Freud, Camélia Sahraï, Rimma Lubomir, Agnès Gouvy, Patricia Brenner et Françoise Lenoir 

se succèdent en paroles aux accents différents, dévoilant avec conviction leurs passions mêlées dans un même cœur: celui de la poésie en mouvement.

 

Le point d'orgue de cette quinzième belle et dense soirée revient à la voix pleine et éclatante de la soprano

Colette Koréva Pétrisot.

 

Nous venons d'atteindre l'autre rive.

Vos voix se réunissent enfin pour ne pas oublier.

Après l'été, on se retrouvera.

 

Pierre-Jean Blazy

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Nos prochains rendez-vous:

           -27 septembre 2013: Yves Giombini  (attention : nouvelle date)

           - 6 décembre 2013: Alain Freixe

 

 

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