NOS VIES RASSEMBLEES

Dans ce château si loin et si proche des chuchotements de la ville, il est toujours temps de vivre une aventure inspirée par le ciel changeant d'un vendredi qui se fane doucement.

Vous étiez au rendez-vous, et toutes vos vies rassemblées dans la salle aux murs épais jouxtant le jardin, toutes vos vies donnaient envie d'écouter la voix et les mots de Béatrice Bonhomme :

 

« C'est comme si la mer

s'était posée sur tes mains

un instant

       (...)

La mer existe toujours

de ta présence

et se retire dans tes marées

(les gestes de la neige – Ed. l'Amourier)

 

L'air est plus léger. On entend glisser le piano de Philippe Villani qui s'invite à la fête.

« C'est comme si l'amour s'était posé un instant dans le bleu

l'amour s'était posé un instant sur ta neige

il neige des flocons d'amour sur les épaules

de la mer »

(les gestes de la neige- Ed. l'Amourier)

Puis l'envie vient de visiter une autre rive d'un même pays

« Quand je recevais tes mots sur les lettres que tu m'écrivais, il y avait des fleurs blanches posées sur le papier. C'est l'éclaboussement de l'arbre que je voyais de la fenêtre de la maison dans cette lumière de midi, dont je me souviens le mieux. »

(le pacte des mots – Ed. Peter Lang)

Quelque part au milieu de nous, la complicité des notes de la musique de Philippe Villani nous imprègne du texte qui sonne comme une évidence : 

« Je ne savais pas que les mots pouvaient tomber malades et qu'on pouvait ressentir soudain le scandale des mots à vouloir habiller la tristesse et la mort »               

                      (…)

C'est comme si le temps refusait de passer ici. Les gens passent et meurent sur les saisons, épinglés sur le paysage, mais le paysage demeure. »                                 

(le pacte des mots – Ed. Peter Lang)

Et ce temps, nous le retrouvions, pour mieux espérer qu'il dure longtemps en ce début de soirée :

« Pour moi, le visage parlait. Quand je suis entré dans la maison ouverte aux quatre vents de l'oubli, j'ai marché vers le visage. Il parlait d'enfance. Il parlait de ce qui lave le cœur, de ce qui résigne l''esprit, il parlait de stries dans le bois et de matière du pigment. Il transmettait les jours, les hommes épinglés aux saisons, le désir de lumière »                                                 

(Variations du visage et de la rose- A paraître aux éditions de l'arrière-Pays)

La lumière décline. Il me revient en songe le ciel d'hier et ses vallons obscurs.

« T'écrire adolescent au détour d'un regard au cœur même de ma nuit, je sens encore ce vent écume de la mer. Je voudrais te serrer, t'enserrer dans ma nuit, bleu-nuit cette plage de notre adolescence, je voudrais t'emporter sur mon viaduc, dans la chaleur douce d'un été qui s'enfuit, dans ce caillou qui tombe »

(Kaléidoscope d'enfance – Edition Nue)

Les applaudissements retenus pendant tout le spectacle crépitent, et soixante dix-huit regards reconnaissants se tournent vers Béatrice Bonhomme et Philippe Villani.

 

Ce fut un moment de pure dégustation.

 

 

 

* * *

             Place maintenant au chant et à la voix puissante de Christina Maffei. La soprano dramatique est là, entourée de Raymond Lepers au piano, de Thierry Cady à la contrebasse, et de Thomas Woseitchlager au piano. Tour à tour, elle va chanter Gerschwin, Errol Garner. Puis dans un tout autre registre, elle nous étonne avec un extrait de Aïda, de Verdi.

 

* * *

            Désormais la parole est à vous. Dans le public, ce soir-là, vous êtes quinze à vouloir partager vos mots inédits, vos écrits de pures émotions, ou des textes aimés d'autres auteurs, redécouverts et mis en lumière pour le plaisir de tous : Madeleine-Marie Davaine, Véronique Icart,           

Rimma Lubomir, Chantal Cudel, Paul-Henri Van de Wal, Mathew Woodman, Myriam Holley, Marc-Vincent Péalat, Claude Peynaud, Sophie Huguenin, Maria Bachs, Magda Ygiarto, Laurette Subille, François Lagarde et Véronique Mondain.

Un tel florilège est impressionnant de richesses et de diversité. Tous les styles, toutes les dictions, tous vos sourires se succèdent sur la scène, nous emmenant dans la ferveur du partage, sans s'en apercevoir, à neuf heures du soir !

Il était grand temps de se diriger vers la salle à manger, pour continuer nombreux ces riches échanges, devant quelques nourritures terrestres et des projets qui soudain prenaient corps.

Je me suis éloigné une minute pour mieux vivre cet instant. La nuit surplombait le Château qui rvivait de riches heures dans un grand bal de silence.               

Pierre-Jean Blazy     

   

 

 

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