Fabien TOMATIS

         Le repos des pêcheurs

 

C’est l’heure où, là-haut, le phare s’allume ;

Un havre rocheux, une nuit sans brume

Nous servent de port.

Les filets calés, au pied du Cap d’Arme,

Lassé de la vague ou cédant au charme,

Le bateau s’endort.

 

Le vieux capitaine ôte sa casquette ;

D’une couverture il fait sa couchette,

à même le pont.

Je n’ai pas sommeil. Les chants des cigales,

Comme les lueurs sur les flots étales,

Lentement s’en vont.

 

Quand je serai loin, pourvu qu’il advienne

Que de ces instants, un jour me revienne

L’amical remous !

Un cercle liquide, autour de l’amarre,

Ondule à plaisir le pinceau du phare

Qui pêche pour nous.

 

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                         Fragrance

 

L’odeur des seringas, douce et comme sucrée,

Entêtante, profonde, au détour de l’allée,

M’enveloppe soudain.

Elle est si forte, si suave, concentrée,

Que la brise du soir, en passant embaumée,

Grise tout le jardin.

 

Silencieusement, la nuit revêt ses voiles,

Se pare de bijoux, de diamants, d’étoiles,

Constelle l’infini.

Le chant du rossignol donne la sérénade ;

Sa chaude voix d’oiseau, de roulade en roulade,

Monte et s’épanouit.

 

Le passé, le présent, s’estompent puis s’effacent.

La lune, sur le banc, semble marquer les places

Des amoureux d’antan.

Je respire à longs traits, au détour de l’allée,

L’odeur des seringas, douce et comme sucrée,

Que diffuse le vent.

 

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