Nicole LANZA
Ma mémoire tremble de froid sur les murs de mon présent.
La chaleur de ma gorge s'étrangle, et mon silence se répand
comme une flaque qui s'interroge.
Je bois à ta source et me roule dans tes plis.
Je suis ta mélancolie pas à pas.
La fragilité, la transparence, sursautent à tout instant.
Gitans
Je respire les souffles pesants d'une tristesse irréductible.
Je ressasse les leçons que les moissons torrides inscrivent sous mon front
De l'aventure entre deux eaux
mon âme sous-marine,
broie ses plaintes.
Ma gorge déployée
rit au troupeau échappé d'un pays de gitans.
Mon désir est teinté du sang bleu de la mer
Ma chair,
paysage noble au firmament violacé, est aveugle de fièvre.
Les tournesols de ma pensée s'affolent de tant d'obscurité.
Quel est ce breuvage amer qui m'ensanglante?
J'habite un autre lieu, peuplé d'enfance aux couleurs éventrées
Je marche sur les ailes d'un amour mort
et je touche les frontières incendiées de mes rêves intemporels.
Boire à ta soif
Il est minuit sur nos rêves
Dans un quart d'heure
Il sera deux mille treize
En ce temps-là notre légende
Déchiffrait un alphabet rieur
Nos regards couleur roman
S'étaient suspendus à nos cris
Débarcadère vibrant d'âmes
Nous avons bu à nos forêts
La sève d'esperluette
Et nos adresses se sont aimées
Et même si nos aubes légères
Paresseuses du temps
Ont espéré toucher la lune
Même si nos paysages arborescents
Ebroués d'allégresse
Ont saigné d'amertume
Et même si nos lits se sont noyés
Je vois dans la lenteur des jours fanés
Des passereaux qui dessinent des ronds
Sous le ciel qu'ils ont comme chapeau
Pour dire les longs pleurs étranglés de bouquets
Même si la déraison sous la voûte des Dieux
S'alarme et rôde dans l'oubli
Je veux jalouse user mes espérances
Sur les matins fous comblés de transes
Mes orages sanctifiés
Je veux que mes roses de Noël
Givrent dans mes songes
Mes larmes éculées
Et qu'une mélodie
Vénère mes ferveurs habitées.
(tous droits réservés)
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