Gilbert Renouf
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CETTE PIERRE DE PUMA QUI FLAIRE LE FLEUVE
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 24/07/2021
- Dans Compte-Rendu
VENDREDI 11 JUIN 2021 A MOUANS-SARTOUX
L’immense salle Léo Lagrange s’anime enfin.
Les poètes et amateurs de poésie sont là, préférant aux rayons d’un soleil finissant lres projecteurs braqués sur Gilbert Renouf, venu depuis Toulon ressusciter Rémy Durand et sa poésie inoubliable :
Elle dit tu es mon éternel reviens mon pérenne
l’autre je l’aime mais c’est brouillard
ce sont ces petits nuages qui passent dans mes
gestes
à l’époux elle dit tu es mon plus beau
mon plus aimé
tes rides plus encore vieillir avec toi
(...)A ses côtés, le guitariste Alain Romagnoli fait vibrer les cordes d’une façon unique.
La mélodie s’enroule autour de ses doigts et subjugue le public.
Je me souviens de Caracas Venezuela
Je me souviens d’une pierre vivante et primitive
pierre sonore d’eau et de révolte
d’enfance entêtante et têtue
pierre solaire
Je me souviens de cette pierre de puma
qui flaire le fleuve
(...)Dans la ville le temps est comme arrêté.
Femmes et hommes prennent le temps de convoler en poésie.
Le jour s’attarde pour ne pas en perdre une miette.
Autrefois , il y a très longtemps, tu habitais à
l’intérieur de pierres en cercle, et prenais contact
avec le cosmos, avec les énergies de l’en-haut, la nuit
sous un ciel piqué d’étoiles
(…)
Voici que les notes prennent le pas sur les mots.
Voici les mots ardents qui à leur tour emportent la musique, dans une danse endiablée qui ressemble à l’été.Je suis né à Caracas, un jour d’aguacero, l’orage sud-
américain qui s’abat en déluge d’eau nouée d’éclairs
et de tonnerre, dont je découvris, durant mon enfance
vénézuélienne, la fascination et l’effroi et dont je
retrouvais plus tard, en Colombie et en Équateur
l’indicible bonheur, le plaisir d’un cataclysme à la fois
minéral et vegétal, cosmique et sidéral qui convenait à
mon penchant pour le tragique et les sensations
extrêmes.
Une vague fraîche d’applaudissements emporte cet hommage vers son destinataire.
Rémy Durand est là avec nous sur la scène, comme ce 22 septembre 2017, avec Gilbert Renouf et la pianiste et flûtiste Cécile Chassoulier ,
puis aujourd’hui avec Alain Romagnoli et sa guitare émerveillée.Reste encore longtemps avec nous, toi le poète des mers du Sud !
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En ce vendredi de presqu’été, la scène ouverte s’est réduite pour mieux se tourner vers la félicité.
Madeleine-Marie Davaine, Véronique Icart, Maria Salamone, Philippe Mallet,Anna Ostrovskaya,
Cédric Jacob en duo avec Claude Labadie,
et enfin Patrice Alzina
nous entraînent vers leurs mondes meilleurs et vers la vie aussi tout simplement.
Cela avant que la vibrante soprano Vanessa Fouillet, admirablement accompagnée au piano par Renaud Moutier nous fasse visiter les cieux peuplés de sa voix inimitable.
Nous ne voulions plus en revenir.Et pourtant les soirs au paradis finissent.
Tout ce qui nous submerge reflue vers nos gouffres de légèreté.Vienne l’été et la nuit gouvernée par la lune.
Puis septembre allumera ses feux.Pierre-Jean Blazy