LE TEMPS DE L'OUTRE-CIEL
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 12/07/2016
Le soleil est dru sur la capitale du pays de Cannes et Grasse.
Voici le château de Mouans-Sartoux, imposant de calme et de sérénité, dans son parc-écrin, et vous, quatre-vingt quinze autour de Colette Guedj.
Soirée d'une infinie douceur. La lumière finissante a une transparence de cristal.
La fraicheur du soir s'étend sur le jardin, un voile de brume imprègne la terre de sa bienveillance.
Et la terre la lui rend bien. Les feuilles en sont humides de plaisir.
Donner recevoir, tel est le rite du don.
La prose poétique sonne. Et, en pas de danse avec les notes de piano de Cécile Chassoulier, cela est beau, cela est bon.
L'air est chargé d'infimes vibrations qui se communiquent à la terre, au ciel, en moi.
Mystérieux échanges entre la nature et l'homme, l'une et l'autre se nourrissant de la même sève.
Je suis en vie.
Oui la vie. Celle des cordes vibrantes de Bruno Roman-Ruiz. Indicible violon qui allonge les jours dans la douceur. Qui prolonge le soir dans la ferveur.
Murmures des origines.
J'ai l'impression d'entendre les oiseaux chanter pour la première fois.
Les âmes errantes sont gorgées de caresses et de baisers.
Voici l'éclat flamboyant des buchers de la joie.
Qu'est devenue la pénombre perpétuelle de la douleur?
Maintenant Cécile Chassoulier entonne de la flûte.
Deus musiciens. Trois instruments.
Le château bruisse de toutes les peines qui s'éteignent.
Des mots doux flottent dans l'air, allument les étoiles une à une, réveillent la lune assoupie, saupoudrent les arbres de flocons d'argent, se déposent sur chaque parcelle de terre et la fécondent.
Ils habitent le vide.
Je me souviens.
Souvenance.
Nous sommes dans un essaim de fragments du Beau. Colette Guedj s'élance à nouveau, à longs traits d'air pur. Allons dans les mondes de l'ombre qui désaltère.
Plage de sable blanc un jour d'été breton triste et pluvieux, et des filets de pêcheurs trainant dans le sillage des flaques d'eau. Fissures et crevasses.
La lumière transfigure le monde, l'enserre dans un écrin de glace.
Vingt-huitième et belle soirée. Les applaudissements sont longs. Le soir se fait insistant, et entre chien et loup, les mots se posent et nous reposent.
Une vaste maison. De grandes lampées de lumière. Le bonheur d'être en vie, tout simplement.
Fragile harmonie entre l'extérieur et l'intérieur, entre le jardin et la maison, entre la légèreté de l'air et le tumulte du cœur enfin apaisé.
C'est l'heure de la fraicheur renouvelée. Le bonheur de la scène ouverte est là. Vous êtes quatorze au rendez-vous, dans la lumière tamisée du soir.
Irène Leneuveu au chant,
Louis Champavier,
Jean-Pierre Haase pour La Fontaine superbement interprété, Marie-Solange Raymond,
Myriam Holley,
Pierre Kozlowski et
ses deux poèmes déclamés de haute volée,
Florence Martinie,
Elisabeth Leneuveu,
Marie Gay,
Maria Bachs,
Laurenne Nocq,
Nathalie Dloussky et
votre serviteur, tour à tour, montent sur scène.
Avant que Michelle Freud, notre conteuse poétisante attendue par tous, vienne soulever les vivats,
une quinzième fois.
Puis
Florence Person, magnifique de voix et de prestance nous emmène vers ses trois mélodies.
C'est le temps des dédicaces de livres et de l’apéritif.
Voici maintenant les senteurs du buffet de fin de printemps, accueilli par de larges sourires.
Il est venu le moment de l'outre-ciel.
La chambre douce et belle de l'amitié relance les appels du vent qui se lève.
Pierre-Jean Blazy
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