UN CRI DU CŒUR‏

Entre chien et loup, à l'heure où le cœur de la ville ralentit,   la grande salle du Château se remplit.

  Encore une fois, quarante compagnons du verbe se serrent autour du feu chaleureux de la poésie vivante. Le souffle effréné d'André Chenet inonde les travées:

 

             "ma tristesse est l'affluent essentiel

             du long irrépressible fleuve humain

             j'ai le goût des voyages à vau-l'eau

             et je retiens mon souffle

             lorsque j'entends bruire l'univers

             mes escales sont des drogues dangereuses

             entre la folie et le silence des initiés"

 

  Les cordes chaudes de la guitare endiablée de Sinto-Flamenco, sa voix ample, viennent installer la confidence:

 

                         "ne cherche nul mystère

                         entre les pierres des cimetières

                         un papillon t'emportera bien assez tôt

                         sur la route des vents

                         où s'éparpillent les pollens du temps"

 

    Les esprits sont à leur zénith pour écouter le message d'André Chenet:

 

                         "nos armes ce sont nos mains

                         qui se fraient un passage

                         dans cette nuit temporelle

                         ce sont nos voix qui inventent

                         des vérités surnaturelles

                         en invitant les mots à voyager

                         à travers les mondes méconnus

                         c'est la poésie en liberté

                         créant des sociétés fraternelles

                         sans dogmes ni chefs pour les étouffer"

 

             C'est le poète du cri, le poète du cœur guerroyant qui se révèle enfin, avec ses mots qui envahissent les corridors du Château:

 

                         "certes j'écris une blessure

                         qui troue le centre de la page

                         une blessure noire et or

                         éclat de système solaire

                         sur les joues d'une lavandière

 

             Après la passion, voici sur scène une divine surprise, avec Nicole Régnault, doyenne des doyennes, qui vient nous déclamer, avec ses charme et talent naturels, le texte de Robert Lamoureux "la plupart du temps".

             Rires, sourires et complicité cèdent doucement la place au slameur de choc Rémy Gorog qui, accompagné au piano par la fringante Maggie Maglee, nous entraîne dans un monde où l'on voit le verbe se découdre "autour d'un fil qui

             nous enlace, et nous laisse, hélas, toujours sur le fil".

             "Quel enfer, le paradis !"

 

             Maintenant place au chant, avec Françoise Deleuse au micro et Maggie Maglee au piano, qui invitent Brel et Ferrat. Encore Brel avec Chantal Cudel qui interprète a cappella "les Marquises", avant de nous adresser sa "lettre à hier", et de déclamer quelques savoureux extraits du recueil "rose d'hiver" d'Henri Carraguier. Nous accostons alors prés des "gouffres bleus", vers la "perle nacrée aux reflets de délire". Chantal  finit sa prestation avec un magnifique poème du regretté André Verdet.

 

             Mais les amants de poésie ont toujours faim: Marie Gay se lève pour nous faire partager son poème "ne parle pas", extrait du recueil "vers la vie" (éditions encres blanches), avant de lire deux textes de votre serviteur, puisés dans "le cœur des filles" (éditions Manoirante).

 

             C'est le moment choisi par André Brassin pour entonner "le bateau ivre", par cœur, et vécu de l'intérieur. C'est un moment de recueillement à l'écoute du poète absolu.

              Mais rien ne pouvait finir sans la guitare envoûtante de Sinto-Flamenco. Le voici qui nous accompagne le long des ruelles du Vieux-Mouans, sous une nuit sans étoiles, pour retrouver la chaleur colorée de la Gabbia.

Pierre-Jean Blazy

La soirée en photos

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Nos prochains rendez-vous:

 

·         22 juin 2012: Yves Ughes

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