CŒUR BRULANT
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 30/06/2014
Nous étions dans le cœur brûlant du Château de Mouans-Sartoux.
L'éclat des corps célestes flottait, en l'attente des mots tendres et crus de Béatrice Machet.
Assoiffée
à soi fait ce mal brûlant qui pourtant régénère
attiser afin que malléable se tire notre fil à tisser
depuis que grand-mère Araignée avait pris le feu aux femmes
paroles tisonnières pour des visions transatlantiques
Mais déjà monte vers nous le piano d'Azusa Inoue, notre talentueuse artiste japonaise.
Comme cette chevelure des anges, la musique agile de ses doigts se mêle à la musique des mots de Béatrice.
L'inachevé se perd dans le silence
un peu un presque rien
une ritournelle de refrain jusqu'à la transe
où s'embrasse l'ivresse d'être humain
Au loin se prépare une tempête de ciel bleu, et dans le verbe qui envahit tout, les chiens de la nuit poursuivent la fille du chaos.
N'oublier jamais.
Comprendre quand l'impatience même est gage de patience
est ride sur nos peaux
est le passé inscrit qui creuse dans le futur
privilège de vieillir
(...)
et chants de ruines à corder
à tresser
à tisser en une chair de femme
Je m'éloigne à présent de ce pain pétri de peines.
Pourtant la terre m'éloigne-t-elle des misères du hasard?
Vienne l'ivresse des esprits dans une fête sans fin.
Fête étrange et très calme.
parce que la joie est le fard du sans nom
qu'on ne pourra jamais dire
et cela nous donne à rire
(...)
à moins qu'un regard fendu se soit penché sur mon lit
un regard échappé
par derrière mes propres paupières reposées
C'est une éloge de l'ombre où l'on voit que le vide, ce n'est pas rien.
Souvent je désire ce lac du Haut-Monde, et le dialogue éternel de ses eaux tumultueuses.
on a pas entendu de cri seulement ce mendiant échoué
ce géant souillé
le sable crisse entre les dents
(...)
L'humanité s'effiloche sous les pavés
ce n'est pas la peur de lancer
c'est la peur des retombées
du récit sur le récif
Le piano d'Azusa emporte les mots, dans un désir frémissant de chaleur.
C'est une belle scène ouverte qui maintenant bruisse de toutes ses créations.
Mais je souhaite avant tout un hommage vibrant à l'amie des mots, à notre amie là-haut, la belle Zorica Sentic.
Claude Peynaud, Marie Gay,Myriam Holley et votre serviteur nous font revivre plusieurs poèmes, en la chaleureuse présence de son fils Mika.
Puis se succèdent dans le creux des pierres du Château
Madeleine-Marie Davaine,
Chantal Cudel qui après son poème entonne superbement "le chant des partisans", Myriam Holley,
la grande Michèle Freud, Patrice Alzina, Maria Bachs, Mathew Woodman,
Nathalie Dloussky et Cédric Jacob.
Mais entre-temps Myriam Primus nous a fait vibrer avec Barbara, avant le chant final et magnifique
de Florence Person, accompagnée au piano par Guillaume Giffard .
Le fumet du buffet a les senteurs de l'été qui vient.
C'est une inflorescence, une chair ardente et un esprit ardent qui, doucement, nous promettent les riches heures de la beauté.
Pierre-Jean Blazy
En italique, les extraits de deux poèmes de Béatrice Machet: "lettre à ma soeur de lait(re)" et "récif dans le récit"
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