L'AMANT DU FLEUVE
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 06/01/2025
- Dans Compte-Rendu
Vendredi 13 décembre 2024 à 19h
Le soleil a fui depuis le matin, mais en ce début de soirée la lune éclaire les formes douces du Château, qui accueille ses visiteurs.
Ezaka caresse deux pianos. Philipp Larsen fait résonner ses mots de cuir et de satin.
Philipp Larsen |
Arcturus est sur scène.
(...) La montagne de mer a roulé la montagne de terre. Le haut est devenu bas. Dans la rue large et joyeuse s'est engouffrée la langue aqueuse, gourmande, avalant des cyclistes, des vitrines, des petites vieilles en kimono, des chiens au poil jaune, des rappeurs, des livreurs, des violoncellistes, des prostitués androgynes. Naoto a tout son temps. Naoto pourrait posséder l'éternité. Il est seul et maitre du temps. Un renard blanc traverse la rue, sa queue fournie trace un chemin de ronde. Naoto salue le renard comme il saluerait un collègue de travail au coin d'un bar. |
La grande salle du Château est bondée, mais pas un seul regard ne manque à l'appel. L'attention est à son comble alors que la nuit s'est installée sur le parc alangui. Je montais les deux étages en faisant craquer les marches de bois. La dix-huitième marche surtout, qui était fendue sur toute sa longueur et annonçait l'imminence du palier. Là, mon cœur battait à l'idée de la savoir derrière cette porte, de la retrouver quelques secondes après. Et ces secondes avaient le gout délicieux du bonheur éternel. Moi seul savait ce que cachait ce panneau de bois mal vernis aux serrures dévoyées par le temps. Je m'asseyais , près d'elle. Elle se blottissait dans les bras. Le wagon de queue avait disparu de ma vue et avec lui mes assemblages syntaxiques, mes rimes pauvres, mes rimes riches, ma prose urbaine, mes audaces néologiques, mes exhibitions verbales.
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(...) je fus l'amant de la jungle, je fus l'amant des pierres oubliées, mangées par les racines lentes et goulues. Je fus l'amant des moussons, porté par les eaux troubles du Mékong sous la lune énorme et sévère des nuits d'orient. Je fus l'amant du fleuve qui se moquait du courant car elle était là, tout ce temps, dans des frôlements de soie, faisant de la douceur un art.(...) (...) De Kun-Thea demeure un feu invisible qui surchauffe l'âme qui me reste. Elle a ressuscité un corps sans vie, un esprit sans futur. Le sang est revenu dans mon corps, le sang a irrigué la main qui écrit. Les mots sont revenus. (...) |
Pierre-Jean Blazy
La scène ouverte égrène dix-huit visages, dix-huit styles ô combien différents, dont trois chanteurs: Alexandre Mexis, Pascal Giovannetti, Marie-Rose Gonzalez (chant), Brigitte Besos, Luc Fournier, Muriel Brosset, Florence de Neuville, Alexia Aubert, Stéphane Huguenin, Madeleine-Marie Davaine, Michel Bordes, Michel Reynaud (chant), Yves Giombini, Irène Leneuveu (chant), Lyanah, Hélène My, Cédric Jacob, et Patrice Alzina !
Alexandre Mexis | Pascal Giovannetti | Marie-Rose Gonzalez | Brigitte Besos | Luc Fournier |
Florence de Neuville |
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Madeleine-Marie Davaine | |
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Lyanah | |
Hélène My | Cédric Jacob | Patrice Alzina |
Puis c'est le moment très attendu de Sarah Guisol, magnifique soprano, et Christian Segaricci, chef d'orchestre, ce soir au piano.
Quatre airs, tour à tour doux et virevoltants, enchantent le public et comblent nos esprits.
Sarah Guisol |
Le tintement des verres à l'apéritif, et les senteurs du buffet prennent possession du Château.
Les sourires sur les visages sont un premier cadeau de Noël.
Debout, parmi les choses, j'écoute au loin les dernières nouvelles de la nuit.
Ezaka, Philipp Larsen, Christian Segaricci, Pierre-Jean Blazy, Sarah Guisol
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