JE T'AI RECONNUE
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 13/05/2019
C'était une soirée de mai où je n'étais pas.
Un nuage a recouvert le soleil. Il est resté quelques heures sur cette clarté que j'aime tant vivre de l'intérieur.
J'ai vécu par procuration.
Cette vie passe et nous ignore parfois.
Georges de Rivas venait de changer de château. Il a ouvert sa valise de mots.
A sa droite Hervé Fouéré manie la cithare, que le ciel semble avoir déposé entre ses mains.
Je t'ai reconnue, promesse et présence de la poésie
(...)
Je t'ai reconnue, Eurydice revêtue de ta robe diaphane
(...)
en cette mer pourpre, où frénésie ourlée de hautes lames
l'amour versa ce vin d'or pour sceller l'union de nos âmes
C'est une puissance de la douceur, qui flaire l'amour, roulant sur nos misères:
Tu sais que je te parle depuis une étoile proche de Sirius
d'une étoile invisible appelée Phoenix qui est l'exacte opposée
de Styx
(...)
J'aime comme toi ce qui jamais ne fut
et me souviens qu'à ta vue
la foudre elle-même poussa un cri
C'était la neige d'un silence.
Car souvent d'un rien une fête jaillit
Or voici qu'un songe m'étreint et me submerge
devant l'âtre éteint là-bas sur la terre
où tu m'attends
(...)
J'ai dû brider le cheval de feu qui voudrait m'emporter
aux rivages de ton étoile
(...)
Car c'est de foudre divine qu'il s'agit et de l'éclat d'outre-monde
frappant tous maux à la racine
Les mots prennent corps. Les mots deviennent musique et cognent sur l'inconscient.
J'ai vu deux oiseaux morts ressuscités dans la lumière d'or
deux oiseaux aux ailes éblouissantes qui traversaient cette nuit
d'encre
(...)
dans l'aurore allumée par leurs ailes de feu
(...)
O chante à nouveau le mystère d'amour
à tes lèvres de troubadour
La nuit vient doucement s'installer.
Onze auteurs désormais peuplent la scène et impriment leur conviction:
Madeleine-Marie Davaine,
Muriel Brosset,
Maria Salamone,
et Patrice Alzina qui livre son texte après avoir si bien animé la soirée.
C'est maintenant l'heure de la voix.
La voix que l'on attend, qui porte le nom de Pauline Sicot, accompagnée au piano par le talent affirmé de Laure Temporale.
Quatre chants.
Quatre grondements d'applaudissements, et à la fin la salle debout pour entourer la soprano, pour prolonger l'instant.
Un bruissement de bonheur reflue de la salle à manger.
Le piano, emprunté par d'autres mains, enroule au loin sa mélodie. Des vocalises se mêlent aux visages qui s'égayent, et parlent.
Une chaleur puissante et douce imprègne les murs.
C'était un jour de presque pluie.
Les jours de pluie, que ferais-je sans toi?
Pierre-Jean Blazy
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