MIEL DE PRINTEMPS
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 22/03/2015
Il y avait un ciel où le vent a balayé l'hiver.
La route est belle vers le Château, et une joie triste existe dans les allées de ses jardins.
Voici, dans une salle pleine, exubérante, la voix calme de Claude Haza qui emmène vers des rives étranges.
Nés de la nuit nous sommes
quand le monde au petit matin
s'ouvre à la rumeur d'un feu
inspirateur sur toute la terre
(...)
Mais c'est à toi que tu mens
et tu le sais bien
(...)
La visite des mots se fait avec le son magique du saxophone de Selim Nini, qui sait le faire chanter mieux que personne.
Quelques pas de plus et tu risques de tomber
dans le désordre qui met en ébullition
toutes les substances du rêve
comme une courbe en feu
(...)
Tout persiste à nous occuper
s'emploie à découper l'instant
dans cette union de blancheur
Les royaumes disparus.
La langue des pierres qui parle des solitudes à deux.
Et les champs de la nuit, où il n'y a que vagues et vent.
Mais c'est toi surtout que l'on touche
beauté partagée
c'est toi qui parle de nous
et relèves aussi du songe éveillé
(...)
Sous les lueurs du crépuscule
marcher sans effacer la
neige pure du chemin
Chacune, chacun, lève les yeux vers le ciel de ses désirs.
Au centre du silence, je déguste à pleine bouche le miel de ce printemps.
L'écho n'accable que les vastes étendues
la grêle frappe avec le vent
la source débute entre les herbes
(...)
et si je résistais à m'enfoncer dans le soir
(...)
l'embrasement monte comme
un incendie dans l'âme
après une émotion
avant l'ivresse du corps
C'est un ravissement subtil que de voguer sur un lac aux eaux noires.
Il y a une jeune créature dans cette nuit.
La nuit des loups.
Je voudrais demeurer attaché
par le regard seulement
à ce qui est là non visible mais
intensément généreux
(...)
si le savoir effaçait le manque
la mort ne viendrait pas
tu serais mon éternité
ma maison sous les branches folles
comme au début d'un regard
Je vois un passeur, perdu vers ce grand cimetière de brumes, dans ma campagne aux terres parfumées.
cette lumière brillante
sur la montagne
semblable à une étoile
est une flamme d'impatience
que la nuit prend pour une fleur
que pèse ici ce tas de pierres
posées contre le mur de tes souhaits?
après la marche dans le monde
le front appuyé contre la vitre
c'est sans doute le poids d'une vie
Le jour baisse.
La lumière est douce pour accompagner vos mots lus et même chantés, comme ceux de Lorène Majou.
Puis onze femmes poètes vont se succéder, sous les applaudissements d'un public chaleureux et nombreux:
Madeleine-Marie Davaine,
Claire Laurent-Patouillard,
Marie-France Fournié;
Marie-Solange Raymond,
Tatiana Touraou,
Florence Martinie,
Marie Gay,
Myriam Holley,
Brigitte Caizergues,
Moana Louis et bien sûr,
la grande Michèle Freud.
Et pour leur donner la réplique, il y a les mots chauds, surprenants de David Cardoso,
Patrice Alzina,
et Bruno Niver.
Avant cette rencontre avec la voix et les mélodies de la soprano Claudette Ory, qui chante pour nous Théophile Gautier et Victor Hugo, excellemment accompagnée au piano par Guillaume Giffard.
C'était la belle ouverture du dix-septième printemps des poètes.
Le buffet est dressé où cent partages vont naître.
Nous sommes frères et sœurs dans cette nuit claire.
Avec enfin le temps d'être soi-même, au milieu de la poésie et des fulgurances du bonheur retrouvé.
Pierre-Jean BLAZY
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