UN CIEL LARGE ET GENEREUX
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 08/12/2014
La journée entière, le vent avait fait tourbillonner des vagues de pluies sur le Château, dernier rempart contre la colère du temps.
La voix de Magda Igyarto maintenant emplissait la grande salle du monument, où vous étiez quatre-vingt douze réunis:
Jour étrange que capte en panoramique
la cornée d'un œil hagard
Les étourneaux volent virevoltent
leur ballet lancinant obscurcit le ciel laiteux
(...)
Les larmes d'angoisse assombrissent
la plaine hérissée de fourches flammes
Le jour incandescent brûle
l'horizon qui hurle sa démence
Et dans une mélodie de renaissance, les notes du piano d'Enzo di Santo parlent de l'intelligence de l'amour.
Je m'enterre dans ma mémoire.
Passer une vie à écrire les grands bals du silence
La pluie glacée de l'absence fustige
l'haleine de mort des ombres sorcières
(...)
Regarder par le bout du nez le chemin que
dessinent pas à pas
les yeux sur le présent sans oublier de
rêver à quoi je ne sais pas
Dans ce vendredi sombre, une vie brève et dense montait lentement.
L'encrier de l'inspiration se déversait doucement.
L'eau noire zébrée de lumière lunaire
fascine mon regard qui s'y perd
Pourquoi cette morsure de l'absence
(...)
Les mots en vrac dansent au
rythme de la flamme sèment des idées
en sillons serrés qui tourbillonnent
dans un flamenco de rouge et de sang
récoltent des pensées qui entrelacent
le bon grain et l'ivraie
Un jour je serai vieux, et même sans mémoire les mots du Beau viendront cogner dans mes veines.
Nos bras sourient à l'étreinte des heures
nos corps brûlent le ciel en fièvre
entre ombre et lumière
(...)
Le sein de la terre se gonfle de rêves
géants se nourrit de
chants d'illusions humaines se plisse
de souvenirs nostalgiques
Encore et encore, le piano superbe de vie et de joie d'Enzo di Santo, emporte jusqu'au fond de nos cerveaux la musique des mots de Magda Igyarto:
Seules perdurent un instant
les joies tracées sur le sable du temps
Pieds nus dans les flaques du rêve
où les sens s'éclairent
du sourire du plaisir
(...)
le sable du vide égrène un à un
les souvenirs happés par l'appel de la vie
qui a ouvert les volets les fenêtres les portes
Nous voici maintenant à la porte d'une nuit de feuille d'or.
Il y a le silence sur les esprits, ouverts à ce qui vient:
La souffrance migre vers un ailleurs
où l'espérance s'incruste
(...)
Se libère la joie prisonnière
enfin nue à la lisière de la vie
C'est un long roulement d'applaudissements qui vient clore le récital.
Et comme un prolongement dans le plaisir, la voix pure et chaude, la voix aux cambrures étonnantes
d'Alicia Delzers visite tous les corridors du Château.
Et nos cœurs conquis.
On ne pouvait rêver meilleure ouverture pour la scène ouverte, ce soir encore couverte de pépites aux styles différents, signées
Madeleine-Marie Davaine, Claudia Bartolo,
Danielle Femenia-Tret,
Myriam Holley, Marie Gay,
Louis Champavier, Marie-Solange Raymond,
Tatiana Touraou, Alain Sasson,
Nathalie Dloussky, Patrice Alzina,
Catherine Kiat, Florence Martinie,
votre serviteur, et
Michèle Freud.
C'est la fin de la fête des mots et du sourire, faite d'amitié et de joie.
Mais elle renaîtra au joli mois de mars, pour que nos vies voisines aient sur le soir le même ciel large et généreux.
Pierre-Jean Blazy
poesie mots d'azur chateau.mouans-sartoux chateau COMPTE RENDU