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LE SOUFFLE DU LEZARD
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 01/12/2015
La nuit doucement s'est installée et dans le Château bruisse le murmure régulier de vos conversations.
Il faut les vocalises de
Gilbert Trem, et le son mêlé de la guitare et de la contrebasse
d'Olivier Thiry pour que la grande salle pleine ce soir encore accueille
les mots de
Daniel Biga:
longtemps après la péniche dans le silence
la vague un souffle de lézard
atteint la rive sur l'ardoise tiède
pavés chauds aux pieds
parfum de mai
l'eau tremble
Les voix chaudes, intimes,
de Daniel et Moina se succèdent et emportent les esprits vers des contrées oubliées.
deux corneilles coude au corps courant
poursuivent l'épervier au long des allées reverdies
sur l'océan bouffées de tilleul
mouette mobile blanc
suspendu
au crépuscule
Le temps hésite. Puis s'arrête. Le fond musical acoustique, étrange et coloré de Gilbert Trem et Olivier Thiry emporte la musique des mots.
bien avant la nuit le soleil de printemps
un tranquille sourire de lune n'est pas à l'heure
flotte vers l'ouest d'été
au nord
c'est le printemps pluvieux
en bas l'été solaire
C'est une coupe au breuvage inconnu qui s'offre à nous. Entre nos tempes voici ce doux frémissement que l'on croise sur le chemin du bonheur.
banlieue immense où tu passes à la source fraîche
sans rien voir: soudain partout trois cents papillons
le bleu liseron enivrés de menthe sauvage
festins de village
bals dans la nuit s'envolent
des vallons aux collines
Mais revoilà la vie terrestre. Un peu de baume sur la souffrance partagée.
Voilà ce que sont aussi les courts voyages
de
Daniel Biga:
l'été n'est pas fini brouillard
pourtant les vacances ce matin le fleuve n'a pas
finissent d'autre rive
la corne de brume
accompagne
la nuit
On ne voudrait pas de fin. Une telle poésie amène le printemps sans un hiver.
crinière blanche le pied
rouleaux chevaux écumants de l'arc en ciel s'enfonce
la marée remonte dans la mer
ce soir on s'endormira
cristaux de neige
sous les paupières
Le temps flotte à l'horizon et on ne le perçoit plus. La dégustation se prolonge:
ma maison flotte dans l'univers
à la merci des dieux ou des titans des lutins
et des vents
la ville pollue la nuit
le lampadaire qui la combat
ne vaut pas la lune
ton visage maintenant s'estompe
tout à fait
passé du côté des ombres grises
Puis Daniel Biga salue, avant une longue salve d'applaudissements pour le trio réuni !
comme toi
bientôt je ne serai plus qu'atomes
dans la lumière froide des étoiles
Maintenant la scène est à vous, et cette fois aussi
Irène Leneuveu l'ouvre de fort belle manière, avant d'écouter les voix et les mots juteux, parfois déconcertants, de
Maryse Dutouya,
Fabien Tomatis,
Michel Orion,
Patrice Alzina,
Daniel Galand,
Myriam Holley,
Louis Champavier,
Claudia Bartolo,
Florence Martinie, et
Francine Savary.
Puis c'est au tour de nos amis comédiens
Pascal Giovanetti,
Alexandre Luccini,
Pierrot de Vence,
Myriam Primus,
Géphi, et
la grande
Michèle Freud de nous livrer leurs talents réunis.
Avant
Michelle Salzman, piano et chant, qui nous emmène en beauté
vers le
buffet d'automne.
Mais nous reviendrons.
Après les frimas de l'hiver.
A la fine pointe de l'âme.
Pierre-Jean Blazy
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AZUR FROID
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 16/11/2015
Toi tu as toute mon âme
Grise
aux confins
des miradors
gris-or
Verte
sur la faim
des jours de hâte
la mer
et les rades
(PJB)
Retenez bien ce vendredi 20 novembre à 7 heures du soir, où le Château de Mouans-Sartoux se peuplera de vos présences, pour recevoir notre ami le poète niçois Daniel Biga, accompagné par Gilbert Trem à la guitare et Olivier Thiry à la contrebasse.
Voici les eaux tumultueuses
la profondeur de l'amour
et la fabrique du doute
qui erre dans les banlieues de l'âme
(PJB)
Venez aimer aussi notre scène ouverte, puis le chant étonnant de la soprano Sandrine Corette, et du piano de la franco-américaine Michelle Salzman,avant de déguster le buffet de nourritures terrestres (12 €), si vous me le confirmez aujourd'hui par retour de courriel.
La brume a quitté novembre
le ciel est aussi bleu que l'azur froid
Voici les femmes de l'âme
un océan de nuages
rassasié de malheur
Et mon désir demeure
(PJB)
Pierre-Jean Blazy
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JUSTE AVANT L'OUBLI
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 11/11/2015
Et les colombes apparurent
éteignant le dialogue des morts
il y a
juste avant l'oubli
ce soupir d'une créature du désir
aux lisières de ton corps
(PJB)
Au creux de l'automne renversé de soleil, nous nous retrouverons, le vendredi 20 novembre à 19h, dans la grande salle des conférences du Château de Mouans-Sartoux, pour écouter les mots-musiques de Daniel Biga, poète niçois qui nous fera l'honneur de partager la 26è soirée des Mots d'Azur.
J'ai trop rêvé
un rêve épuisé
J'ai trop vécu
une vie perdue
J'ai trop aimé
des filles d'hiver
(PJB)
A ses côtés Gilbert Trem et Olivier Thiry nous emporterons au rythme de leur guitare et contrebasse, avant que la scène ouverte nous comble de sa fraîcheur et de sa diversité.
Puis, la soprano Sandrine Corette, accompagnée par la pianiste d'outre-atlantique Michelle Salzman, viendra conclure en beauté, avant le buffet que vous aimez (12€), pour lequel il convient de s'inscrire dès aujourd'hui, à cette adresse ou sur le site.
Je passe près de ta demeure
lève les yeux baisse le cœur
Viens avec ta chaude lassitude
Indicible langueur
Heures sans contour ni labeur
sur l'encre de mes pleurs perdus
(PJB)
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AINSI VINT LA NUIT
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 19/10/2015
Le premier vendredi de l'automne finit doucement.
Il nous reste maintenant une soirée à vivre ensemble, dans les murs du Château de Mouans-Sartoux, qui fièrement ouvre ses portes, et voit lentement mais sûrement la salle des conférences s'emplir de visages et de sourires.
Geneviève Bertand,
la poète coudoucène, venue de belles terres proches de la cité phocéenne, ne laisse pas tranquilles les esprits:
Ne pas partir
Ne pas fermer le portail qui grince
Rester
accrochée à la falaise
suspendue à h auteur du tilleul
Le soleil comme une deuxième peau
(...)
Est-ce trop?
La beauté me gifle comme une vague à chaque réveil
Vertige
(...)
D'une seule feuille
le tilleul fait basculer l'été
Heure oblique qui fait surgir des reliefs imprévus
Clarté du cœur
de l'âme
du regard
Et il fallait la souple et gracile flûte traversière de Christine Lacombe pour marcher à côté d'elle sur les chemins de petits matins.
Ouvrir
la maison haute
Cueillir
la certitude de la falaise
matrice de soleil et de la lune
Ouvrir le volet chaque matin
dans une lumière de chèvrefeuille
(...)
Je suis là,
indiscrète,
voleuse de bonheur
Dans un frémissement
le tilleul accueille
l'immense
l'immobile
Quatre-vingt douze regards gardent leur être tourné vers les mots qui dansent une valse lente, séparés par la ligne douce des notes de la flûte:
Partir
Laisser un éclat d'âme collé
entre porte et chambranle
Fermer le portail qui grince
Partir
(...)
D'abord vient le cri non crié
Resté silencieux à l'heure de la perte
de la mort
de l'abandon
de l'injustice
du déni
Les souffrances accumulées quittent la grande pièce pleine de musiques. Il y a la force heureuse du partage des fruits de la beauté. Nous vivons une aube claire.
Exil
Il est en exil l'homme
sous un autre ciel
et son désir
comme entravé
son désir
sous le signe de l'eau
quand il réclame le feu
Obscur
son regard
(...)
Jeu d'ombres
et de mémoires
reportées
déjouées
réinventées
Les minutes s'écoulent, hors des désordres du monde
Nous voici passagers d'instants de la vie vraie.
Il est quinze heures
Obus de lumière au ras de l'herbe
Eclaboussure en plein visage
Temps mêlé
Heure d'attente et d'écoute
(...)
Mal au profond des reins
comme à la racine du souffle
Est-ce mal à la vie?
souffrance silencieuse
à l'intérieur des organes
comme un enfantement
Les applaudissements, et tous ces yeux qui disent merci à Geneviève Bertrand et Christine Lacombe sont le signal du passage à vos mots qui s'enhardissent, et viennent se cogner sur les murs épais du Château.
Tour à tour
Irène Leneuveu,
Myriam Holley,
Maryse Dutouya,
Marie-Solange Raymond,
Eva-Maria Berg,
Marie-France et Frédéric Dion,
Michel Orion,
David Cardoso,
Louis Champavier,
votre serviteur et
Michèle Freud vont lire, déclamer, chanter, et partager leurs émotions devenues sonorités.
Puis voici le moment tant attendu, où la belle et apaisante soprano antiboise Deborah Bellevy va, par trois fois, nous emmener dans les chambres de la beauté calme et mélodieuse, en complicité d'art avec le magnifique pianiste et chef d'orchestre Patrick Nebbula.
Voilà.
Nous étions des évadés du quotidien, en route vers la contrée où nous voudrions rester.
Ainsi vint la nuit.
Autour du buffet calme et joyeux, où chaque bruit, chaque voix mélangée aux autres, est un appel à revenir.
Pierre-Jean Blazy
Les poèmes de Geneviève Bertrand sont extraits de son recueil "l'impatience du tilleul (éd.de l'Atlantique en 2012), de textes publiés par la revue Filigranes en 2013, et certains sont inédits.
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FESTIVAL DU LIVRE
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 26/09/2015
J'avais croisé
quelque part dans la nuit
les évadés silencieux
cet automne est un avril
à l'ombre des grands fauves
(PJB)
Après Echiquier d'Azur et la magnifique 25è soirée des Mots d'Azur, nous voici sur le front du 28è Festival du Mouans-Sartoux, où 60 000 visiteurs vont se croiser en trois jours.
Nous vous attendons, au stand numéro 37 de l'espace B, du vendredi 2 octobre au dimanche 4 octobre, de 10h à 19h.
Et voici les auteurs des Mots d'Azur qui seront au rendez-vous: Philippe Molino, Patrice Alzina, Danielle Jean et Christine Chambion, Laurence Labbé, Coralie Folloni, Marie Gay, Nicole Lanza, Marc Maille, Magda Igyarto, Alessandra Viotti, Gisèle Sans et votre humble serviteur.
Venez leur faire grand accueil, venez feuilleter et emporter leurs mots, leur musique de l'âme.
Le samedi 3 octobre, à 11h30, Philippe Molino(textes) et le duo Jean-Marc Baccarini(saxophone) et Alexandre Davin (percussions) nous emmèneront dans leur "trio en partance", pour trente minutes de poésie en musique.
Rendez-vous au café Beaux-Livres, à l'espace B du Festival.
Tout comme le dimanche 4 octobre, à 11h30 également.
Là, Michèle Freud, conteuse poétisante, pétillante de sa belle fraîcheur, nous emmènera alors pour une étonnante ballade avec les mots et l'humour. Vendredi soir encore, à la fin de la scène ouverte, elle a enchanté les cent personnes présentes au Château de Mouans-Sartoux.
Je préfère souffrir
que de ne pas t'aimer
Voici l'aube claire
J'écoute les gouttes de silence
La terre est en sève
(PJB)
Soyez avec nous !
http://www.lefestivaldulivre.fr/
Pierre-Jean Blazy
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LE CHANT DES ARBRES
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 25/09/2015
Le chant des arbres
je l'ai entendu
sur un chemin de nuit
Puis j'ai rejoint
dans un séisme de tendresse
la tombe des anges
Venez peupler de vos présences le Château de Mouans-Sartoux, en ce vendredi 25 septembre à la 19ème heure, et écouter la poésie pleine et entière de la coudoucène Geneviève Bertrand, qui sera accompagnée de l'étonnante flûtiste Christine Lacombe.
Après vos mots, vos diversités poétiques, et les textes des poètes des Mots d'Azur que vous aimez retrouver, nous nous rapprocherons de la beauté accomplie avec la voix et le chant de la soprano Deborah Bellevy.
Avant de rejoindre la salle à manger du Château, pour un pur moment de convivialité, autour des mets simples et généreux de notre buffet (12E), si vous me prévenez dès aujourd'hui.
Et les vagues vinrent
les suppliantes
avec le temps de toi-même
et ton sourire de source
Nous vous attendons.
Pierre-Jean Blazy
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LES SANGLOTS DE L'AIGLE
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 20/09/2015
Les sanglots de l'aigle
seule la rivière s'en souviendra
Je veux quitter l'hiver des villes
La joie profonde
ne sourit pas
Le Château de Mouans-Sartoux a passé un bel été. Il s'est fortifié encore de la chaleur, des musiques et des regards posés sur lui.
Et le vendredi 25 septembre à 19h, c'est dans son enceinte que nous recevrons la poète Geneviève Bertrand, qui vit à Coudoux, à quarante kilomètres de la capitale phocéenne.
Elle nous emmènera dans les lignes claires et la profondeur de son texte.
Entre ses mots se glissera la flute traversière de Christine Lacombe, pour que notre joie soit complète.
Après vous et la riche scène ouverte, c'est Deborah Bellevy, soprano réputée sur notre Côte d'Azur, qui emplira le Château de sa tessiture magnifique.
Puis le buffet (12€) réunira autour des artistes celles et ceux qui veulent prolonger l'Instant.
Dites-moi très vite, à cette adresse, si vous y participerez.
Loin de la mer
la fièvre monte
il y avait
la mélancolie aux yeux verts
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LAISSEZ PASSER LE BONHEUR
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 27/06/2015
Il y a dans l'air, en ce vendredi soir, toute la chaleur lourde de la journée.
Le public pourtant se presse aux portes du Château. Jamais nous n'avons été aussi nombreux.
La grande salle au parquet de bois et à la cheminée d'époque est trop petite.
Il faut dire que c'est le dernier Vendredi du Château avant le 25 septembre.
Il sera beau
La voix claire de l'ami Claude Artès se dresse entre les tourelles:
Goûter à la saveur d'un après-midi
sur tes lèvres
emprunter cet étroit chemin
où les rêves s'écartent
pour laisser passer le bonheur
J'ouvre ma journée
en pensant à toi
La harpe est pure. Et les doigts experts d'Emeline Chatelin
savent depuis toujours caresser la mélodie pour l'emmener très haut.
Une fois de plus devant nous, le poète et le musicienne font qu'un.
Chaque jour dessine
la magie de l'instant
j'ai posé mon cœur
sur le doux de tes seins
étreinte où mes mains sculptent ton corps
imprégné dans ma mémoire à tout jamais
Tant d'heures perdues
à jamais rattrapées
que restera t-il de nous?
un souvenir, quelques mots dans un livre
et les moments d'amour
qui, seuls, nous ont aidé à vivre
Le soir avance, dans son écrin fugace, incandescent.
Bientôt ce sera l'orée de la nuit.
Il reste encore le bruit d'un paysage
où se perd le printemps de ton visage
j'entends le cri des orages
sur des chemins où j'implore l'amour
de creuser son sillage
Viens me dit-elle
monte à bord du vaisseau de mon corps
tu seras pour un temps, pour une heure
pour l'éternité magnifiée
seul maître à bord
La mer est proche et la fièvre monte. La harpe coule et les esprits dégustent la mélodie des mots
La poésie étend sa lumière douce
et ses cuisses se referment sur mon dos
comme les pages d'un livre
terminé trop tôt
Brumes sur les Cévennes
il fait un temps à déshabiller les poèmes
le gris du ciel
se pose sur ton corps
le silence
embrasse
le clair de tes yeux
et accompagne
nos jeux amoureux
C'est fini. Le temps a couru très vite.
Encore une goutte, rien qu'une goutte, dans l'océan des mots
je monte sans bruit
pas à pas
les escaliers de la nuit
j'attendais
ton sourire
à l'entrée du jour
Maintenant vos mots accourent.
Nous écoutons ce soir dix-sept poètes, tous différents, touchants, qui nous emmènent dans les contrées de leur âme, aidés en cela par le piano de
Richard Rivault :
Madeleine-Marie Davaine,
Myriam Holley,
Alain Sasson,
Maria Bachs,
Chantal Cudel,
David Cardoso,
Annie Jacquelin,
Patrice Alzina,
Florence Martinie,
Brigitte Caizergues, Elisa Verna,
Daniel Galand,
Marie-Solange Raymond,
Jackie Raimondi, et
Micha Dunac,
qui partage avec beaucoup d'émotion les mots de sa maman disparue, mots retrouvés après son départ.
Puis voici le grand
Gérard-Philippe Sellès qui nous ravit.
Et comme toujours, le dernier mot sera celui de la magnifique
Michèle Freud
Enfin, la chorale de la préfecture
nous enchante avec trois morceaux empreints de fraicheur et de talent.
Oui, cette vingt-quatrième soirée était un ciel étrange et beau.
Pierre-Jean Blazy
les extraits de poèmes de Claude Artès sont issus des recueils
"Instants partagés" (Ed.Zengami,2014)
"Tous les étés dans son cœur" (Ed.Vaillant, 2013), "Chaque matin tient le jour" (Ed.Chemin de plume, 2013)