LES TOURMENTS DE LA TERRE
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 18/02/2014
Depuis le petit matin, le ciel pleurait et emplissait la terre de ses chagrins.
La mer grise était le tombeau de mon remords.
Puis vint le soir et son ciel sombre, bleu-nuit à l'horizon.
Et le Château était là, inaltérable et magnifique, au milieu des tourments de la terre.
"A porter mes heures nues*
Ai-je traversé plus d'aube?
Ô revheureuse
Cesse de creuser "
(...)
"Mais
les automnes tendres
Te porteront transparente
Jusqu'à mes lèvres"
La voix d'Olympia Alberti résonne entre vieilles pierres et regards conquis.
Les mots s'entrelacent et endorment la tristesse.
"Quand sauront-ils qu'Aimer
ouvre en soi une faim profonde"
(...)
"Il y aura des visages des heures
irrespirables des matins éventrés
où la tristesse aura raison
de moi, même porteuse d'infini
de mon âme ensevelie de futur blessé"
La respiration magnifique du violon rebelle de Ventzislava Choykova prend tout l'espace entre le verbe et le chant des cordes. Le temps s'allonge, infiniment.
"Pourquoi devant toi mon visage
est-il si nu?
Les trains me sillonnent
les arbres déclinent mon front
ouvert sur le ciel
je n'entends que tes yeux"
(...)
"je t'aime avec la respiration
du jour et de la nuit
avec ce que désire la fleur
et ce que dit le bouquet séché
avec les fenêtres ouvertes
et les orages sur les yeux fouettés"
Le cri et sa retombée font un jour nocturne.
Dans le parc la pluie s'arrête et un oiseau du soir précède le violon de Ventzislava.
"Puisqu'il me faut détenir
le rêve plus haut que mon corps
mais à peine au mistral de mon élan
puisqu'il me faut lever l'offrande
jusqu'à la prière
laisse-moi partir
mais ne pas te quitter"
Profondeur du soir.
Nos esprits suivent les mots et dansent sur la mélodie de l'archet.
Quatre-vingt paire d'yeux entrent dans la joie.
"Aimer les autres comme on bâtit
comme on protège comme on garde
le jeune
(...)
"Va, l'absence est partout
ton Absence
ma demeure"
(...)
"Et le cri nous précède
et le silence nous suit"
La lune se lève.
Bientôt la musique se meurt.
Avec vous elle renaîtra, après Olympia
"Elle avait de l'amour les paupières
Et au bord des yeux un autre velours
Que je ne pouvais pas voir encore"
Comme de tradition, Madeleine-Marie Davaine (Bonheur) ouvre le bal improvisé de la scène ouverte.
Vous serez douze à lui succéder:
le jeune Sébastien Macagno ( "de glace ou de glaise"), Chantal Cudel (chante Bérimont "la chanson de l'été" sur une mélodie de James Ollivier, puis "l'heure bleue"), Maryse Dutouya ("petite fille"), David Cardoso ( "gris andalou"), Myriam Holley ("petite histoire peu banale"), Tatiana Touraou ("l'attente"), Michèle Freud ("joie de givre"), Marie Gay (l'empreinte de mon pas"), Maxime Tomatis ("le vent" de Verhaeren), Patrice Alzina ("sunset"), Jackie Raimondi ("brise du sud" de Tania Pividori), et Diane Beausoleil ("roses", puis "marine") nous enchantent de leurs mots encore chauds de leurs âmes.
L'amitié et la joie partagées sont comme un bruissement d'ailes.
C'est l'instant choisi par notre mezzo-soprano Diane Beausoleil pour entonner "le spectre de la rose" de Berlioz etThéophile Gautier.
Un frisson passe de cœur en cœur.
Avant que ne se lèvent les verres, comme une joie qui récidive.
Pierre-Jean Blazy
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