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PREMIERE LUEUR
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 16/12/2012
Depuis la première lueur du jour, la pluie arrogante n'a cessé de tomber. Et maintenant, dans le château protecteur où cinquante quatre visages se retrouvent, le vase des mots se remplit, dans la voix fleurie d'Ile Eniger :
«Les mots viennent. Ils disent plus qu'écrire. J'écrirai même si personne ne me lisait.
Ce qui m'importe c'est ma part d'être (…). J'écris de rien, de choses élémentaires, qui relient (…).
Vivre est plus abouti que tout discours. Laisser venir ce qui est. Aujourd'hui c'est la pluie (…).
Il me plaît qu'elle soit ainsi, sans préoccupations. Vivante ».
Le vent emporte doucement ce qu'il reste de nos tracas de la journée qui s'achève. L'air amplifie la mélodie réparatrice de la flûte traversière qui obéit au souffle de Frédérique Py.
Plus rien ne peut interrompre le cours des choses.
«Les bêtes replient leurs pas, les hommes leur arrogance(...). Dans ce pourrissement,
la gerçure des terres garde ses croyances de graines. Plus fort que la mort quelque chose
pousse qui ne se voit pas, ne s'entend pas (…) ».
Le silence est épais. Il porte la flûte de Frédérique. Les visages apaisés demandent encore des mots à cette vie qui se répand :
« Elle a quitté la ville (…) Ses sandales sont usées. Son rêve est dans la poche.
Elle le touche souvent (…) . C'est une fille loin des foules (…) On dit qu'elle en veut trop.
On dit. Mais ceux qui disent n'ont jamais regardé le soleil en face. Elle si ».
Voici la porte des remous, la fin du rêve de l'oubli, la rumeur du bonheur :
« Il fait nuit, la lampe éclaire mon cahier (…) . Tout est dit, rien ne parle. L'amour est en sa maison.
Je t'envoie ce silence. Sa forme douce quittant le miroir. Aucune lune ne le guide (…) .
Le ciel en pure perte décline ses brouillards (…). Je suis de cet amour. Démesurée, comme tout jour ».
Ile Eniger et Frédérique Py peuvent s'avancer vers le public enivré de mots et de notes.
Vraiment ce fut un bel envol de novembre.
* * *
Madeleine-Marie Davaine prend la suite. Pour elle « la vie est un voyage, au fil des ans, au fil des âges »
« Que s'ouvrent les portes » est le passage de relais à Chantal Cudel et au jeune guitariste de 12 ans
Maxime Andreis. A eux deux, ils nous plongent dans la verve sombre de la chanson d'Hubert-Félix Thiéfaine
(« 4H10 heure d'été »). Puis « le grand cèdre » de Jean Berger vient chuter à nos pieds, entraîné
par la voix de Chantal Cudel.
C'est le moment choisi par Jackie Raimondi, ajaccienne inspirée et virevoltante , pour nous lire un extrait du roman d'Ile Eniger : « la femme en vol ». Suivent deux poèmes magnifiques de deux femmes corses :
Marie-Paule Lavezzi et Françoise Weber-Zucconi.
Puis les sourires s'invitent, avec le jeune Maxime Tomatis qui du haut de ses neuf ans réinvente « le temps des citrouilles » alors que Myriam Holley, poète et plasticienne nous gratifie d'un texte inédit. Pendant tout ce temps la chaude salle des conférences est décorée de plusieurs de ses tableaux, où graphismes et mots se mêlent dans des délires merveilleux.
Le mot de la fin est pour Marie Gay qui lit un extrait du « cœur des filles », de votre serviteur, où naissent « les soupirs de ton sourire ».
Un ultime morceau de flûte traverse les esprits. La vie suspendue pendant cent minutes reprend son cours.
Vers « La Gabbia » illuminée les convives de poésie dirigent leurs pas, pour prolonger le partage et la fête sereine.
Au loin les suit le regard de feu d'un chien poète et mélomane.
Pierre-Jean Blazy
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Un vent nouveau
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 27/11/2012
Un vent nouveau a soufflé sous les préaux emplis de visages attentifs et curieux.
C'est l'heure du dialogue et de la vie recommencée.
Les diamants du ciel sont pour nous, pendant une heure et plus, le vendredi 30 novembre, à 19 heures, au Château de Mouans-Sartoux.Ile Eniger, poétesse, écrivaine, vient du proche comté de Nice pour nous révéler ses mots et ses rythmes, ses balades de l'esprit, son regard sur le monde.
A ses côtés, pour notre plus grand plaisir, la flûtiste Frédérique Py, donnera en mélodies sa vision de la vie.
Sa vision de l'Essentiel.
Venez, et participez ensuite avec vos poèmes, vos lectures anciennes ou inédites, qui prendront dans les échos du Château un éclat nouveau.
Et les plus affamés, vous le savez, dîneront ensuite ensemble, dans notre "Gabbia" proche où les cœurs se rejoignent jusqu'à presque demain.
Venez sourire et vivre un moment privilégié.
A ce vendredi, au septième coup de sept heures !
Pierre-Jean Blazy -
L'HIVER AVANCE
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 21/11/2012
L'hiver avance à pas de velours, et s'installe au creux de nos jours. La lumière s'estompe.
A cinq heures, nous voici entre chien et loup.
Il est temps de se retrouver pour rallumer la flamme qui jamais ne s'est éteinte.
Secouez vos braises et venez écouter Ile Eniger, qui rien que pour nous,
sera face à vous le vendredi 30 novembre à 19 heures, dans la belle salle des conférences du Château de Mouans-Sartoux.
Avec elle, entre ses mots, la musique indicible et douce de la flûte traversière de Frédérique Py, que nous avons découverte au dernier Festival du Livre dans notre capitale du pays de Cannes-Grasse.
Puis, selon un ordonnancement qui nous est cher, vous aurez la parole, pour déclamer vos textes, ou ceux que vous avez envie d'entendre et de faire partager.
Venez vous ressourcer de mots et d'amitiés.
Soyez au bel endroit à la bonne heure : le 30, à 19 heures, au Château !
Pierre-Jean Blazy*******************************************************************
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LE VOYAGE IMMOBILE
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 25/09/2012
Septembre en azur est un mois de plein été.
Le soleil brille de tous ses feux depuis qu'il est levé.
En cette fin de journée, la ville résonne de tous les bruits de la vie.
"Que fais-tu, quand tu ne m'aimes pas ?"
Zorica Sentic, poétesse franco-serbe, est revenue d'un long voyage dans le pays de son enfance.
Elle parle maintenant aux quatre vingt venus l'écouter :
"Je me souviens
il était tard
en janvier
ou en février"
(...)
"votre regard
la couleur du sourire
l'éclat du rire
de votre silence"
(…)
Au piano, Patrice Reich est inspiré, et le rythme des notes se
mélange à la musique des mots, comme dans une partition rêvée :
"Je rêve un jour d'écrire
avec des mots d'oiseau-lyre
un quatrain en requiem
pour l'amour d'un tandem"
(...)
"je n'ai pour amants que des mots taris
et un, et deux vieux ordinateurs pour mari"
Et voici venu le temps du partage. Zorica Sentic s'adresse au public bercé d'images et de vibrations :
"Si le soleil oublie de se lever
alors peut-être je vous oublierai"
(...)
"même si vous me reniez
et qu'un jour j'oublie de me réveiller
vous, non, je ne vous oublierai pas
je vous aime"
(...)
En vraie poétesse de l'amour de l'autre, mains ouvertes vers ces regards qui se tendent, Zorica Sentic déclare sa flamme crue :
"Si tu n'existais pas
je ne verrais pas le ciel
si tu n'existais pas
le soleil serait-il là ?
y aurait-il des chants
des fleurs
aimerais-je le gris ?
mon cœur battrait-il ?
la lune brillerait-elle ?
(...)
"éteins le silence et tais-toi
ferme les yeux et regarde en toi"
Les applaudissements crépitent dans le vieux château surpris par tant de verve. Ils remercient Zorica et accueillent Claudette
Ory et Patrice Reich, qui lui reste au piano.
Les deux amis vont pendant quinze minutes de bonheur enchanter le public trop nombreux pour la pourtant vaste salle des
conférences.
La voix enchanteresse de la soprano, la puissance du ténor envahissent toutes les pièces du château. André Messager ("j'ai
deux amants" ; "l'amour masqué"), Offenbach, Tosti, Rossini et Bernstein sont à l'honneur, et nos deux artistes récoltent les
vivas du public conquis.
Puis place à la surprise de cette onzième édition des Mots d'Azur, particulièrement riche.
Christophe Forgeot, Fabienne Courmont et Elzbieta Dedek s'avancent sur la scène pour nous offrir un extrait de leur
spectacle "fantaisie impromptue" qu'ils donneront le lendemain soir sur les hauteurs de Théoule-sur-Mer. Danse avec
Fabienne, piano divinement caressé par Elzbieta et poèmes de Christophe lus par lui-même, se succèdent et se mêlent.
Le moment est fort.
Il ouvre la voie à une scène ouverte plus courte que d'habitude, mais qui va cependant laisser la parole à quatre d'entre nous.
Chantal Cudel livre une très belle interprétation chantée du poème de Verlaine, "les assis".
C'est Patricia Brenner qui lui succède, et nous fait partager avec bonheur le poème de Lamartine "le papillon". Puis Brigitte
Caizergues fait découvrir l'un de ses textes inédits "l'homme et son rêve" , qui nous parle du vent demandant à l'humain de
laisser sur notre terre une trace de lumière.
Amour et espoir font alliance avec les mots.
C'est à Bruno Niver que revient le plaisir de clore cette parenthèse de poésie brute.
Il le fait avec grand talent, déclamant de la plus belle et la plus originale des façons "le bateau ivre" de Rimbaud.
Les applaudissements sont nourris.
Le jour baisse et se promène entre chien et loup.
Pendant de longues minutes, spectateurs, auteurs, diseurs, et musiciens vont se parler et sourire ensemble.
C'était une fête.
Un instant de la vraie vie.
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LES BRUITS DU TEMPS
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 12/09/2012
Comme il est bon parfois de s'extraire des bruits du temps pour rejoindre, seul ou entre amis, les rives de la poésie la plus pure, la plus vraie, celle qui réconcilie avec les ratures de la vie.
C'est à ce travail de ressourcement que je vous convie
vendredi 14 septembre 2012, à 18h30
salle des conférences du Château de Mouans -Sartoux
en compagnie d'une poétesse de l'action et du désir de vie, Zorica Sentic.
Et qui pouvaient mieux que la talentueuse soprano Claudette Ory et le pianiste émérite Patrice Reich l'accompagner dans ce difficile combat pour un monde meilleur?
Vous pourrez ensuite vous joindre à eux: venez nous faire partager vos perles de l'été !
A vendredi, au Château ! Nous vous attendons.
Pierre-Jean Blazy
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LUMIÈRE DE L’ÉTÉ
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 30/08/2012
La lumière bleue de l'été baisse inexorablement à l'horizon, mais j'ai plaisir à vous retrouver pour célébrer ensemble ses derniers feux le vendredi 14 septembre 2012 à partir de 18h30, au Château de Mouans-Sartoux.
Ce sera jour de double crépuscule, comme un renversement du ciel. Avec nous, il y aura la poétesse franco-serbe Zorica Sentic, de retour d'un périple poético-humanitaire de trois mois, ponctué de lectures publiques et de riches rencontres, de Zlatibor à Belgrade...
Puis nous prendrons de l'altitude, en compagnie de la soprano Claudette Ory et du pianiste Patrice Reich. L'horizon se consumera un peu plus encore.
Ensuite viendront vos morceaux choisis de l'été.
Ne manquez pas nos belles retrouvailles, au doux parfum du charme slave.
Pierre-Jean Blazy
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UN CHANT POUR LA VIE
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 03/07/2012
Juin était dans sa dernière décade, et maintenant le jour lentement entrait dans sa soirée.
Mais toujours cette chaleur lourde vous poursuivait entre les murs épais du Château :
"une grosse fatigue traversait le ciel
disait la fin appelée de tous ses vœux par Judas
une fin comme un vin dénaturé"
Yves Ughes venait de prendre parole. Les compagnons écoutaient, au nombre de cinquante-trois, dans l'intimité complice d'une vaste pièce assoupie de chaleur.
"face aux paniers posés j'acceptais le partage des eaux et la chair des
figues craqua sous mes dents comme pépins de crépuscule"
Dans les mains du poète, son dernier ouvrage : "Capharnaüm, douze stations avant Judas" paru aux éditions de l'Amourier en 2010.
Le chef d'orchestre lyrique Christian Segaricci, pour l'occasion, s'est mis au piano, et ponctue chaque déclamation d'un morceau de Mozart, Verdi, Schubert ou de lui-même.
"le sommeil s'offre comme un lieu de rencontre avec
des morts apaisés"
Le public est attentif. Il cherche tous les codes et la musique explicite les mots, les rend encore plus forts.
"désormais le tramway parcourt le corps de la ville au terminus tu
disparais et j'habite les odeurs des fleurs qui s'allongent
la nuit est lourde sur moi comme un chien se collant à la couche" (...)
(...)
"il me faut pourtant
faire attention
quand je me retourne de ne pas blesser le corps absent"
Au bout du chemin, les visages mêlés de Yves Ughes et Christian Segaricci sont un seul et même chant :
"je suis maintenant me trouve désormais
avec ces pins pliés qui bavent au ras des flots
sur une mer toujours plus vivace"
Entrent en scène à cet instant Johanna Coutaud, jeune soprano de 22 ans, et l'incontournable Christian Segaricci qui va l'accompagner dans quatre morceaux inoubliables :
- In Solitaria Stanza, de Verdi
- Ständchen, de Schubert
- Les Chemins de l'Amour, de Poulenc
- Ave Maria, de Schubert
Jamais encore, il me l'a dit, le vénérable Château n'avait vibré devant une si belle voix, au service de mélodies sublimes, interprétées de la main de Maître Christian.
Depuis très longtemps aussi, la salle au parquet de bois ciré n'avait vécu de si vifs, si longs et si ardents applaudissements.
Ce fut, comme je l'avais prédit dans mon invitation, un moment réellement exceptionnel.
Un moment d'une extrême densité.
Un écrin de rêve pour la poésie vivante.
Mais comment faire pour prendre la suite de tels instants ?
Fanfan, venue de Toulon, s'y risque en venant "noyer son chagrin" Puis Chantal Cudel nous livre deux poèmes de son cru : "l'arbre", et voyage posthume".
Brigitte Caizergues, l'amie de Montauroux, venue en voisine, nous livre quelques morceaux de sa vie, alors même que Christine Plessier déclame et humanise son "Manteau de ténèbres". Place ensuite à Jean-Michel Bartholi,avec ses inédits : "le sourire des anges" et "la clairière au grand recueil"
C'est le moment choisi par le talentueux diseur André Brassin pour nous entonner Théodore de Banville et Alfred de Vigny. Eux aussi étaient venus, pour une résurrection d'un soir.
L'heure avançait
Et la chaleur ne diminuait pas.
Au loin, dans le parc du Château, les promeneurs se faisaient rares.
C'était fini.
La petite foule hypnotisée se leva avec la complicité apaisée de ceux qui ont partagé le très beau.
Un dernier long et bel applaudissement descendit vers Johanna Coutaud, Yves Ughes et Christian Segaricci.
Pierre-Jean Blazy
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CHEMIN DE L’ÉTÉ
- Par Pierre-Jean BLAZY
- Le 20/06/2012
Aux premières lueurs de l'aube, l'on sait déjà que la journée va être chaude. La saison des sourires et des jours longs ouvre ses portes.
Il flotte dans l'air une envie de songes éclairés, d'obscure et fraîche clarté. Il est temps de se retrouver.
Le vendredi 22 juin, à partir de 18h30, nous avons rendez-vous avec Yves Ughes, poète des chemins d'altitude qui, parfois, descendent vers la mer.
Cette rencontre se déroulera dans le site enchanteur du Château de Mouans-Sartoux, où vous êtes conviés pour partager ces moments de poésie dense.
Christian Segaricci sera au piano, pour agrémenter de ses improvisations la poésie de Yves Ughes, lue par lui-même. Puis, en début de seconde partie, il accompagnera de sa musique la chanteuse lyrique Johanna Coutaud.
Ne manquez pas ce dernier rendez-vous de la saison: il sera exceptionnel.
Et, comme à l'accoutumée, il s'achèvera, si vous le souhaitez, par vos choix de lectures, suivis d'un repas partagé, dans la franche convivialité des amis des mots.